Humide hallucination

Le ciel d’un bleu acier est voilé par une atmosphère chargée de fines particules d’eau. L’air scintille, miroite le vert feuillage du tilleul. Le mouvement des gouttelettes distorsionne les objets environnants. J’avance, je fends l’air, tassant les particules en suspension, tantôt délicatement, tantôt brusquement. Je me fraie un sentier dans l’humidité.

À une intersection apparaissent un homme et son chien. Le chien revêt une luxuriante toison noir éden, une caractéristique que partage l’homme qui le tient en laisse. Les profondes craquelures de ses mains trahissent l’âge que veut projeter sa crinière dense et unie. Mon regard fixe sa chevelure noir jais, s’agençant parfaitement à la moustache drue qui couronne sa lèvre. Mes yeux font plusieurs fois le même trajet triangulaire reliant les trois pôles capillaires.

Nos routes se croisent., ils quittent mon champ de vision. Le rideau d’humidité se referme derrière eux. Et à cet instant précis, le scintillement de l’air, le vrombissement des climatiseurs et des cigales, me font douter de la réalité de cette vision.